Ils sculptent les visages, ajoutent ou effacent des années, créent des blessures, des coups ou des maladies, inventent ou font revivre des époques… Derrière chaque personnage, un maquilleur ou une maquilleuse qui lefait vivre à l’écran… Et derrière eux, l’AMC veille, fédère, défend.
Dans les coulisses du cinéma français, l’Association des Maquilleurs et Maquilleuses de Cinéma (AMC) joue un rôle essentiel.
Créée pour soutenir une profession à la croisée de l’artisanat, de la technique et de la créativité, elle rassemble celles et ceux qui façonnent les visages de nos imaginaires.
Aujourd’hui, nous rencontrons Odile Fourquin, maquilleuse de renom et présidente active de l’AMC.
L’occasion d’évoquer les missions de l’association, les évolutions du métier et leur récente collaboration avec Pics Studio, espace dédié à la création audiovisuelle où les savoir-faire se rencontrent et s’enrichissent.
Pouvez-vous nous présenter l’AMC et les raisons qui ont motivé sa création ?
L’AMC a été créée en 2022 afin de rassembler les maquilleurs et maquilleuses de cinéma.
Nous étions l’un des seuls départements qui n’avaient pas d’association professionnelle, et cela manquait cruellement !
Nous nous en sommes particulièrement rendu compte lors de la crise du Covid, quand de nombreuses instances cherchaient à consulter les techniciens de l’audiovisuel afin de mettre en place de nouvelles habitudes de travail et d’hygiène.
C’est ce qui a déclenché la création de l’AMC, à laquelle nous pensions depuis plusieurs années !
Elle rassemble actuellement 123 adhérent(e)s, en majorité chef(fe)s maquilleur·euses.
Quelles sont aujourd’hui les principales missions de l’association pour ses membres ?
Les principales missions de l’association sont de mieux faire connaître notre métier, en mettant en lumière l’importance du maquillage dans la narration d’une fiction cinématographique…
Nous voulons aussi être un espace de rassemblement et de partage pour tous les membres, en échangeant de nombreuses informations, qu’elles soient techniques, artistiques ou liées directement à nos conditions de travail.
Concrètement, nous avons organisé des ateliers avec certaines professions, notamment les D.I.T. et les assistants réalisateurs.
Nous sommes très investis dans le dialogue avec les syndicats de producteurs afin d’ajouter des postes à notre branche.
Nous avons l’intention d’organiser des mini-formations, et nous menons une lutte acharnée pour qu’existe enfin le César du maquillage et de la coiffure.
Moi-même et Simon Livet (membre de l’AMC) avons été élus à la Chambre des représentants des César, et les discussions ont bien avancé sur ce sujet(notamment grâce à la pétition que nous avons fait circuler l’an dernier, et qui a recueilli plus de 6 300 signatures…).
Nous avons transmis un questionnaire à tous nos membres afin d’établir un état des lieux réaliste du métier. Bien sûr, dès que les réponses seront analysées, nous communiquerons à ce sujet, notamment sur notre site…
Quelles sont les problématiques actuelles auxquelles font face les maquilleurs et maquilleuses de cinéma ?
Notre métier est tout simplement trop méconnu !
Nous sommes souvent contacté(e)s très tardivement, et notre préparation peut en pâtir grandement.
Les productions anticipent rarement les durées nécessaires pour répondre au mieux aux demandes d’un réalisateur, aux exigences d’un scénario, aux coûts decertains effets ou fournitures, ainsi qu’aux effectifs nécessaires.
Elles sont focalisées sur les gros effets spéciaux, mais oublient souvent que notre travail — qui reste invisible la plupart du temps —nécessite de l’anticipation, des essais, et un dialogue constant avec denombreux départements (réalisation et production bien entendu, mais aussiphotographie, costumes, régie…).
Comment l’AMC accompagne-t-elle la jeune génération de maquilleurs dans leurs débuts professionnels ?
L’AMC accompagne la jeune génération de maquilleurs en les acceptant depuis un an dans l’association (au départ réservée uniquement aux chef(fe)s maquilleurs), s’ils remplissent les conditions d’adhésion.
Nous les informons sur de nombreux sujets, en direct ou via notre site, nous répondons à leurs questions sur notre page WhatsApp, et nous leur donnons la possibilité de mettre leur CV en ligne.
Ensuite, le réseau fonctionne… comme tous les réseaux !
On s’échange des noms, nous communiquons notamment beaucoup sur les adhérents domiciliés en région…
En tant que professionnelle, qu’est-ce qui vous anime encore aujourd’hui dans ce métier ?
C’est une passion qui ne me quitte pas, malgré les années…
J’ai le maquillage « chevillé au corps » (et aux mains !).
Une nouvelle génération arrive, la roue tourne !
Mais, hormis les tournages, j’ai à cœur de défendre ce métier que j’adore…
Dans quel cadre avez-vous collaboré avec Pics Studio, et qu’est-ce que ce lieu vous a permis de développer ?
Une adhérente de l’AMC a été contactée par Pics Studio, car ils désiraient consulter la profession concernant l’aménagement des loges maquillage/coiffure de leurs futurs studios.
Cela tombait très bien : nous sommes souvent très dépitées quand nous arrivons dans certains studios. Pas assez de place, pas assez de lumière, pas assez de rangements, ni même d’équipements basiques (eau, bac à shampoing, prises électriques, ventilation, etc.).
Nous étions très heureuses d’être enfin consultées et d’engager un partenariat avec vous.
Quels sont les projets à venir pour l’AMC, et comment peut-on suivre ou rejoindre l’association ?
L’AMC a de nombreux projets :
- Organiser régulièrement des rencontres et des ateliers, entre les adhérents et avec les autres associations professionnelles et partenaires.
- Enrichir notre site en y ajoutant des articles et des interviews de maquilleurs, des informations sur le métier, les fournisseurs, des références d’ouvrages, des adresses…
- Analyser les réponses à notre questionnaire sur le métier, organiser des réunions pour en rendre compte, et réfléchir ensemble à la façon dont nous pourrions améliorer notre visibilité et nos conditions de travail.
- Continuer à suivre de près le dossier « César ».
- Poursuivre la collaboration avec Pics Studio en suivant l’évolution du chantier…
Les conditions d’adhésion sont similaires à un grand nombre d’associations professionnelles :
- Pour les chefs-maquilleurs : 3 longs-métrages ou 5 heures de fiction en qualité de chef de poste, ainsi que le parrainage de deux adhérents de l’AMC.
- Pour les maquilleurs : 3 longs-métrages ou 5 heures de fiction en qualité de maquilleur sur la totalité du projet, ainsi que le parrainage de 4 adhérents de l’AMC.
🔗 https://association-maquilleurs-cinema.fr/